Saison 1 questionnait les rapports incestueux entre storytelling et réalité. En se jouant des ressorts de la série télévisée, l’un des modes narratifs de propagande les plus puissants actuellement à l’oeuvre, Florence évoquait une expérimentation du réel fondamentalement influencée par la fiction.
Dans Faire quelque chose (c’est le faire, non ?), elle fait un pas supplémentaire : en quoi nos fictions, individuelles et collectives, sont-elles les moteurs de nos capacités d’actions ?
Tous les personnages sont placés en situation de vulnérabilité, contraints de redéfinir les termes de leur capacité d’action.
« Certains diraient que nous avons besoin d’une base à partir de laquelle agir, qu’il nous faut un terrain commun pour pouvoir agir collectivement Je pense pour ma part que nous devrions favoriser les moments d’arrachement, où nous nous trouvons simultanément en deux lieux à la fois, où nous ne savons pas exactement où nous sommes, où la mise en œuvre d’une pratique esthétique fait trembler le sol. C’est alors que la résistance à la récupération a lieu. C’est comme une percée vers de nouveaux paradigmes. »
Judith Butler, Humain,inhumain, le travail critique des normes, Ed. Amsterdam 2005
Une écriture chorale pour des récits contemporains
Sept personnages indépendants se côtoient dans un univers européen. Chaque figure, par le biais de sa fiction singulière, sert à dévoiler des moteurs d’(in)actions différents. Inspirée notamment par la narration chorale que Robert Altman développe dans Short Cuts, la dramaturgie se sert de parcours singuliers pour dévoiler un récit collectif plus général.
La mise en scène sert à percuter les récits plutôt qu’à les aligner. La synchronicité des événements nous intéresse davantage. Envisager la puissance d’agir dans une temporalité cyclique plutôt que chronologique semble un enjeu déterminant pour penser le futur
Au plateau plusieurs langues cohabitent parmi les interprètes : le néerlandais l’espagnol, le français, l’italien. Le langage théâtral, qui hérite entre autres de la performance et du stand up, dialogue également avec celui de la danse.