En replaçant l’Edmée originale (1951) de l’auteur français Pierre-Aristide Bréal chez les paysans suisses, Antoinette Rychner, qui vit à la campagne et a suivi une formation de maraîchère, parle de ce qu’elle a observé et propose une intrigue sans complaisance.
Elle dit :
« On assiste en Suisse à une série d’initiatives [instrument très fréquemment utilisé en Suisse et qui soulève souvent beaucoup de débats publics avant les votations] autour des questions agricoles. Il y a eu récemment l’initiative // pour une Suisse libre de produits phytosanitaires //, refusée, et prochainement ce sera l’initiative contre l’élevage intensif qui sera traitée dans les urnes. Fréquemment, le milieu agricole se victimise en se disant la cible de citadines déconnectées des réalités du terrain. À quelques intéressantes exceptions près, il y a peu de remise en question ou d’autocritique chez les professionnelles de la terre, quand bien même les activités agricoles sont hautement subventionnées, ce qui pourrait donner un légitime droit de regard aux contribuables.
Évidemment, la charge critique que contient ma pièce est excessive, elle répond au caractère caricatural (du moins l’ai-je ressenti comme tel) de la pièce originale, qu’elle surenchère par jeu. Néanmoins il y a du sérieux dans l’intention d’égratigner l’image auto promue des paysan·ne·s de bonne foi qui // font tout comme il faut // et n’ont rien à se reprocher. Se lever tôt le matin chaque jour est certes admirable, mais cela ne donne pas de // carte de vertu // absolue ni d’immunité vis-à-vis des questions sociales et environnementales.
Je le dis avec aussi beaucoup de tendresse, de respect et de compassion vis-à-vis d’un milieu qui n’a eu de cesse d’être dirigé et redirigé dans des directions totalement contradictoires depuis les Trente glorieuses (produire plus, produire moins, utiliser des produits phytos, produire bio, etc). »
Vous rencontrerez dans « Edmée » une femme qui rêve d’être seule dans sa ferme, un ouvrier qui rêve de gagner sa vie, un homme qui rêve d’en être un, un flic qui rêve de monter en grade. Vous entendrez du suisse -allemand, vous verrez un Rollibock, vous entendrez des accents suisses, polonais et français. les personnages tenteront de vous convaincre de leur bonne foi. N’en croyez aucun.e